Voyage au Montana

Rapid City

Buffalo Hardin

Deep Purple In Rock
Mount Rushmore. Ça faisait longtemps, depuis 1970
exactement, que ça me démangeait de faire cette
photo.



Comparée aux villes que nous avions traversées jusqu'à maintenant, Rapid City est une grosse ville de 67 000 habitants, typiquement américaine, sans grand intérêt hormis les statues des présidents des États-Unis, en bronze évidemment, qui ornent chaque carrefour. Elle a le gros avantage d'être à proximité des Black Hills où se trouvent le Mont Rushmore, le Crazy Horse Memorial et le Custer State Park. Rapid City n'est pas très loin des Badlands, de la réserve indienne de Pine Ridge et de Wounded Knee.

Les Black Hills sont un magnifique petit massif de montagnes pas très élevées (2200 mètres). Les indiens Sioux Lakota les dénommaient Paha Sapa, « les collines sont noires ». Elles sont recouvertes de pins et vues de loin, apparaissent  très sombres. Les Indiens considéraient les Black Hills comme le centre sacré du Monde. En 1874 le général Custer, à la tête du 7ème régiment de Cavalerie y conduisit une expédition qui trouva de l'or. Ce fut le début d'une ruée et d'une guerre avec les Indiens, la Black Hills War ou Great Sioux War of 1876.

En 1923 l'historien Doane Robinson eut le premier l'idée de transformer les colonnes de granit des Needles en statues monumentales pour développer le tourisme. Il finit par s'adresser à Gutzon Borglum qui conçut le Mont Rushmore et obtint le soutien du Congrès. Borglum devait probablement avoir un ego démesuré pour imaginer un tel monument, les têtes mesurent 18 mètres de haut. En tout cas le culte de la personnalité de Borglum est largement entretenu au Mont Rushmore.

Dans les années 1930, le chef indien Henri Standing Bear émit le souhait de sculpter un monument à la gloire de Crazy Horse. Il s'adressa d'abord à Borglum, sans réponse et finit par obtenir le soutien de Korczak Ziolkowski qui avait travaillé avec Borglum sur le Mont Rushmore. Henri Standing Bear insista pour que le projet soit développé sur fonds privés. Le premier dynamitage eut lieu en 1935. Ziolkowski  devait avoir un ego encore plus démesuré pour concevoir une statue encore plus grande, le visage de Crazy Horse mesure 21 mètres et, terminé, dans 150 ans à ce rythme là, le monument mesurera 195 mètres. Le culte de la personnalité de Ziolkowski est lui aussi  largement entretenu au Crazy Horse Memorial.

Ces deux monuments sont sujets à polémique. On peut considérer qu'ils souillent le paysage et certains Indiens pensent qu'ils violent leurs terres sacrées ancestrales et l'esprit même de Crazy Horse.  On ne dispose d'aucune image de Crazy Horse, celui-ci ayant toujours refusé d'être photographié. Il avait émis le souhait d'être enterré à un endroit où on ne puisse pas le retrouver. Enfin le geste de pointer du doigt est considéré comme impoli et tabou dans la culture indienne.

Malgré tout, les deux monuments sont imposants et méritent d'être visités. Le Mont Rushmore ne dégage pas une grande émotion. On a tellement vu cette image que, sur place, elle n'étonne plus. L'ébauche de la statue de Crazy Horse est plus impressionnante. Peut-être parce qu'elle est plus grande, que l'expression, imaginaire, du visage du guerrier est réussie et que l'on ressent Crazy Horse jaillir du rocher.

Deux petites villes, Custer et Keystone, usines à touristes, célèbrent les deux monuments, l'esprit des cowboys, des pionniers et des anciennes gloires de la Frontière : Calamity Jane, Jesse James, Wyatt Earl, Doc Hollywood.  Au sud des monuments se trouve le Custer State Park. C'est une très belle région où il doit faire bon randonner. On a bu une excellente IPA au Creekside Lodge, près du Peter Norbeck Visitor Center, encore un magnifique hôtel dans le style National Park Service rustic communément appelé Parkitecture qui fait un peu chalet suisse. Nous avons suivi la route qui se faufile entre et sous les Needles, belles aiguilles de granit.

Dans ce parc, vous pouvez parcourir, à vitesse limitée, la Wildlife Loop. On y a admiré des chiens de prairie, des bisons, des cervidés et particulièrement des pronghorns qu'on appelle des antilopes.

Les Badlands sont situées à une soixantaine de miles au sud-est de Rapid City. C'est un spectacle saisissant. Les paysages les plus impressionnants sont facilement visibles des parkings, au bout de chemins dallés de bois. Mais ça vaut vraiment le coup, en étant prudent, de se lancer dans une des randonnées balisées. Certaines durent une heure, d'autres l'après-midi ou la journée. Par endroits on a vraiment l'impression de marcher sur la Lune.

La Pine Ridge Indian Reservation est complètement au sud du South Dakota et se prolonge vers le Nebraska. Elle englobe la moitié du parc des Badlands. C'est une très grande réserve, 9000 km², la huitième des États-Unis par la superficie. Seuls 340 km² en sont cultivables. Cherchez l'erreur. Sa population est estimée à plus de 28 000 habitants. C'est la réserve indienne la plus pauvre avec un taux de mortalité élevé, de gros problèmes d'alcoolisme, de drogue, de malnutrition, de diabète et de suicide.

Dans les années 70, la réserve fut le théâtre de révoltes indiennes. Le hameau de Wounded Knee, occupé par des indiens armés, fut assiégé pendant 70 jours par le FBI.

Le 29 décembre 1890 le 7ème régiment de Cavalerie encercla un campement d'Indiens Lakota à Wounded Knee. Quatre canons Hotchkiss furent déployés.  Un détachement pénétra dans le camp pour désarmer les Indiens. Un coup de feu fut tiré. La Cavalerie riposta en tirant de tous les côtés sans distinction, massacrant femmes, enfants, vieillards, guerriers sioux et même ses propres soldats. Au moins 200 Indiens furent tués, 51 blessés. Vingt-cinq soldats furent tués. Le 7ème voulait-il se venger de sa défaite contre Sitting Bull quatorze ans plus tôt à Little Big Horn ?

Nous nous étions promis de faire le pèlerinage à Wounded Knee. C'est assez désolant. Sur place un grand panneau rouge rappelle les événements. Abrités du soleil par des cabanes de paille, quelques Indiens vendent des bijoux de perles et proposent de vous emmener en 4x4 jusqu'au cimetière, en haut d'une colline à deux cents mètres. Le cimetière est ceint d'un horrible grillage auquel sont accrochés des rubans de couleur. A cinquante mètres du cimetière, une église a été construite. Parfois je me demande si les gens qui ont bâti cette chapelle ont vraiment le sens du sacré.

Sur la route du retour on traverse la ville de Scenic. Nous avions envisagé d'y loger car elle est au centre des Badlands. C'est impossible car il n'y a rien. Sa population doit être estimée à neuf habitants et celle de la commune à une cinquantaine. Une des habitantes en a petit à petit racheté toutes les propriétés. En juillet 2011, les cinq hectares de la ville, les bâtiments et dix-neuf hectares de terrains avoisinants furent mis en vente pour 799 000 dollars. Étaient vendus en un seul lot la poste, un saloon, deux prisons, un hôtel, une gare, un musée. La ville a été achetée par la Iglesia ni Cristo basée au Philippines. Quand nous sommes passés, la pompe à essence venait de réouvrir.

LIRE
  • L'Amérique indienne, Edward S. Curtis, Albin Michel, Terre indienne, texte de Florence Curtis Graybill et Victor Boesen, traduit par Gabriel Pospisil.
LIENS en français

LIENS en anglais

Photographies prises lors de notre séjour au Montana, août 2014.

Rapid City



Mount Rushmore
Mount Rushmore : les statues ne peuvent être admirées que de face, sauf Washington qui peut ête aperçu de profil, de la route, lorsqu'on quitte le monument par l'ouest. Rassurez-vous, il y a un parking, jamais plein car tout le monde ne s'arrête que le temps de faire cette photo.


Crazy Horse
Crazy Horse Memorial : lorsque la sculpture sera achevée, dans 150 ans au rythme actuel, on pourra admirer Crazy Horse tendant l'index au-dessus de la tête courbée de son cheval.


Crazy Horse Memorial
Crazy Horse Memorial : c'est quand même émouvant.


The Needles eye
Custer State Park : the Needles eye.


Pronghorn
Custer State Park : pronghorn antelope.


Badlands
Badlands : Yellow Mounds Overlook.


Badlands
Badlands.


Badlands hiking
Il vaut mieux être un petit peu prudent pour randonner dans les Badlands. Prévoir beaucoup d'eau, des chaussures couvrantes, pas tant pour les rattlesnakes que pour les petits cactus et autres plantes à épines. Ce n'est pas complètement idiot de prévenir les Rangers de son itinéraire. Il y a des sentiers balisés par des piquets de couleur, ici le Castle Trail, le but du jeu étant d'avoir toujours un piquet en vue.


Badlands by Curtis
Je ne peux pas résister au plaisir de vous présenter cette photo prise par Edward S. Curtis entre 1900 et 1910 à Sheep Mountain, cinq miles environ au sud de Scenic. Edward S. Curtis (1868 - 1952) est un grand photographe ethnologue américain qui entreprit de manière non exhaustive l'inventaire photographique d'amérindiens des 80 tribus existantes.


Entering Pine Ridge
Entering Pine Ridge.


Wounded Knee Visitors bureau
L'office de tourisme de Wounded Knee.


Wounded Knee cemetary
Le cimetière de Wounded Knee.


Wounded Knee cemetary
Le garçon en tee-shirt noir nous a vendu une jolie medecine wheel.


Scenic saloon
Le Longhorn Saloon à Scenic, South Dakota.


Buffalo Hardin

Les écrivains du Montana - mis à jour le 09/01/15

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