Raymond
CARVER (1938 - 1988)
|
précédent
: Canty
|
suivant : Crumley
|

photo by
Marion Ettlinger
|
La
vie de Raymond Carver ressemble à ses nouvelles : fils d'un ouvrier
de scierie il est obligé de travailler dès la fin de ses études
secondaires. Il fera un nombre de métiers inimaginable. Après avoir
suivi des cours d'écriture au Chico State College en Californie,
Carver publie un premier recueil de nouvelles. Dans les années 60
il écrit aux côtés de Richard Hugo et de Richard Brautigan à l'Université
de Missoula et constitue avec eux dès la première heure l'un des
noyaux littéraires du Montana. A partir de 1976, l'année de Tais
- toi je t'en prie, sa notoriété ne cesse de croître. Suit alors
une période très prolifique où il publie ses principaux recueils
de nouvelles. Il meurt en 1988 dans l'Etat de Washington.
|
Toutes
les oeuvres en français :
|
|
- N'en faites pas une histoire ()
« Il y a d’abord cette vision fugace. Ensuite, la vision fugace
s’anime, se mue en quelque chose qui va illuminer l’instant et va
peut-être laisser une empreinte indélébile dans l’esprit du lecteur,
qui l’intégrera à son expérience personnelle de la vie, pour reprendre
la belle formule de Hemingway. Pour de bon. Et à jamais. C’est là tout
l’espoir de l’écrivain. »
Traduit par François Lasquin.
|

|
- Les Feux ()
« J’écoutais les gens présenter leurs condoléances à ma mère. J’étais
heureux que la famille de mon père se soit ainsi réunie autour de lui.
Je croyais que j’allais me souvenir de toutes les conversations, des
moindres faits et gestes de cette journée, et qu’un jour j’arriverais
peut-être à en faire le récit. Mais je me trompais. J’ai tout oublié,
ou presque. Ce dont je me souviens, c’est d’avoir entendu prononcer
plusieurs fois, durant cet après-midi, le prénom de mon père. Ce prénom
est aussi le mien, mais je savais que c’était de mon père qu’on
parlait. Raymond, répétaient ces gens avec leurs voix merveilleuses
surgies de mon enfance. Raymond. »
Traduit par François Lasquin
| 
|
- Les Trois roses jaunes (Where I'm
Calling From)
« La rue est jonchée de feuilles mortes. Même les caniveaux en sont
pleins. Partout où se posent mes yeux, il y a des tas de feuilles
mortes. Et il en tombe d’autres sur mon passage. À chaque pas, j’en
écrase sous mes semelles. Il faudrait que quelqu’un fasse un effort. Il
faudrait que quelqu’un prenne un râteau et mette un peu d’ordre
là-dedans. »
Inclut les nouvelles suivantes :
Cartons (Boxes)
L'élephant (Elephant)
Le bout des doigts (Blackbird Pie)
Débranchés ()
Les trois roses jaunes (Errand)
Traduit par François Lasquin.
| 
|
- Qu'est-ce que vous voulez voir ? (Call if you need me)
« On était au milieu du mois d’août et Myers changeait de vie, comme il
en avait déjà changé bien des fois. La seule différence, c’est que
cette fois il était sobre. »
Traduit par François Lasquin.
| 
|
- Tais-toi, je t'en prie ( Will you
Please Be Quiet, Please?)
« Il s'apprêtait à allumer une cigarette avec sa dernière allumette,
mais ses mains se mirent à trembler. L'allumette s'éteignit et il resta
là, tenant sa cigarette d'une main et sa pochette d'allumettes vide de
l'autre, fixant d'un oeil vide la forêt qui s'étalait à l'infini à
l'extrémité de la prairie d'un vert cru - Harry, il faut qu'on s'aime,
dit Emily. Il ne nous reste plus qu'à nous aimer, dit-elle. »
Nous sommes en 1976. Carver va très mal. Son mariage avec Maryann bat
de l’aile, les problèmes d’argent s’accumulent, et, en dépit de ses
efforts répétés pour vaincre son addiction (cures de désintoxication,
adhésion aux Alcooliques Anonymes), l’écrivain semble s’enfoncer
irrémédiablement dans l’alcoolisme. Gordon Lish, qui a déjà édité
plusieurs de ses nouvelles dans Esquire et vient d’être nommé directeur
de collection chez McGraw-Hill, lui propose un contrat.
En mars, Tais-toi, je t’en prie ( Will You Please Be Quiet, Please ? )
paraît en librairie. C’est le premier recueil de nouvelles publié par
Raymond Carver, ses vrais débuts.
Le succès n’est pas encore au rendez-vous, mais le livre fait grosse
impression, notamment sur le jury du National Book Award (il sera
finaliste, mais devra s’incliner devant Wallace Stegner).
Quelques mois plus tard, en 1977, Carver fait deux rencontres de
première importance. Un jeune écrivain, Richard Ford, vient de publier
son premier roman, Une mort secrète ( A Piece of My Heart). Il
demeurera son ami le plus proche pendant les dix années à venir. Carver
fait aussi la connaissance de Tess Gallagher. Une des périodes les plus
difficiles de sa vie est en train de s’achever.
Traduit par François Lasquin.
| 
|
- Les vitamines du bonheur (Cathedral)
« Tout le monde rêve. Si tu ne rêvais pas, tu deviendrais fou. J’ai lu
des trucs là-dessus. C’est une soupape. Les gens rêvent quand ils
dorment. Ou alors, ils deviennent dingues. Mais moi, quand je rêve, je
rêve de vitamines. Tu comprends ce que je te dis ? »
L’année 1983 voit Raymond Carver s’imposer définitivement sur la scène
internationale. Professeur à l’université de Syracuse, il jouit du
respect et de l’affection de ses élèves (l’un d’eux, Jay McInerney,
saura un jour lui exprimer sa gratitude). Consacré par Granta,
l’influente revue littéraire qu’anime Bill Buford à Cambridge, comme le
chef de file de la nouvelle littérature américaine, il succède ainsi à
Saul Bellow et à sa descendance, mais aussi au courant postmoderniste
qui a marqué les années 70. C’est la gloire. Enfin libéré de la
présence éditoriale de Gordon Lish, il peut déployer ses ailes et
publie son chef d’œuvre, Les Vitamines du bonheur.
Il faut redécouvrir ces douze nouvelles « d’homme à homme », d’une
limpidité totale, comme douées d’une vie indépendante qui les
protégerait du passage du temps. Il faut lire l’histoire de ce père qui
refuse de descendre du train le menant vers son fils, car « il n’avait
pas envie de serrer la main de son ennemi. » Ou encore celle de ce mari
un peu jaloux, qui ne sait comment se comporter avec l’ami aveugle de
sa femme, et finit par dessiner une cathédrale, les yeux fermés, la
main de cet homme posée sur la sienne.
Traduit par Simone Hilling.
| 
|
- Parlez-moi d'amour (What We
Talk About When We Talk About Love)
Raymond Carver a quarante-trois ans lorsque Parlez-moi d’amour paraît
aux États-Unis. L’éditeur Gordon Lish, qui est alors un des gourous de
la scène littéraire new-yorkaise, a déjà fait publier plusieurs de ses
nouvelles dans le magazine Esquire. Voyant en Carver la promesse d’un
immense écrivain, il s’est emparé de son manuscrit et l’a réduit de
moitié. En quelques années, Carver devient une des stars de la
littérature américaine. Il rafle tous les prix, enseigne à l’université
et exerce sur une génération entière d’écrivains – aux États-Unis comme
à l’étranger – une influence décisive. Il suffit d’ouvrir Parlez-moi
d’amour pour que la magie opère à nouveau. Une fois encore, ce style si
dépouillé qu’il en devient presque invisible fait résonner des voix
désormais familières : un homme sans mains, une femme divorcée et son
ex-mari, quatre pêcheurs surgis du néant, personnages ordinaires nimbés
de mystère, illustrations parfaites de ce « réalisme des lointains »
qu’invoquait la grande Flannery O’Connor. Par-delà les années, en dépit
des aléas de la comédie littéraire, ce livre continue d’illuminer de sa
beauté énigmatique les dernières décennies du XXe siècle.
Traduction de Gabrielle Rolin revue par Nathalie Zberro.
| 
|
- Débutants (What We
Talk About When We Talk About Love)
« Ce matin-là, elle me verse du scotch, du Teacher’s, sur le ventre, et
le lèche. L’après-midi elle essaie de se jeter par la fenêtre. Je ne
peux plus supporter tout ça, et je le lui dis. Je fais, “Holly, ça ne
peut pas durer. C’est de la folie. Il faut que ça s’arrête.” »
Débutants est le manuscrit original, inédit à ce jour, d’un des livres
les plus célèbres de Raymond Carver, Parlez-moi d’amour, qui parut aux
États-Unis en 1981 après avoir été amputé de moitié par son éditeur. La
publication de ce texte dans sa version intégrale constitue un événement de première grandeur. Elle permet de mesurer la
force d’une écriture qualifiée à tort de minimaliste. En découvrant ce
livre dans toute sa fraîcheur, on comprend mieux l’importance de la
révolution opérée par Carver dans le domaine de la nouvelle, cette «
short story » née en Europe et portée par les Américains à son point de
perfection par Hemingway, Flannery O’Connor et – bien plus tard – J. D.
Salinger. Carver a arraché la nouvelle à son cadre doré et l’a fait
pénétrer dans des lieux où elle n’était jamais allée : le lit aux draps
froissés où s’attardent les amants, la cuisine en désordre après le
petit déjeuner, la salle d’attente de l’hôpital, le jardin encombré de
meubles en vue d’un dérisoire vide-grenier, tout ce bric-à-brac que
forment nos vies, comme un décor de théâtre en attente du moment où la
vraie pièce va enfin pouvoir commencer. Avant de devenir le « Tchekhov
américain » célébré à la fin de sa vie par le Sunday Times, Raymond
Carver aura été cet écrivain audacieux, inventant pour la littérature
de nouveaux territoires, cherchant à imposer son style à un éditeur
réticent.
Traduit par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso.
| 
|
- La Vitesse foudroyante du passé ()
«La fille dans le hall qui lit un livre à reliure de cuir.
L'homme dans le hall qui balaye.
Le garçon dans le hall qui arrose les plantes.
Le réceptionniste qui inspecte ses ongles.
La femme dans le hall qui écrit une lettre.
Le vieil homme dans le hall qui dort dans son fauteuil.
Le ventilateur dans le hall qui tourne lentement au plafond.
Un autre dimanche après-midi torride.»
Traduit par François Lasquin.
| 
|
- Neuf histoires et un poème (Short Cuts)
Les récits de Raymond Carver sont d'une simplicité déconcertante. S'ils
nous touchent si profondément, c'est que les vraies tragédies de notre
époque se déroulent dans l'intimité autant que sur les champs de
bataille. Leurs héros : une serveuse de restaurant, un chômeur, un père
anxieux, une femme divorcée, des voisins trop curieux, un enfant malade.
Ils nous ressemblent…
Traduit par Jean-Pierre Carasso, Simone Hilling, Gabrielle Rolin, François Lasquin.
A inspiré l'excellent film de Robert Altman Short Cuts.
| 
|
Toutes les
oeuvres en anglais :
- Near Klamath (1968)
- Winter Insomnia (1970)
- At Night the Salmon Move (1976)
- Will You Please Be Quiet, Please? (1976) 22 short stories
- Furious Seasons and Other Stories (1977) 8 short stories
- What We Talk About When We Talk About Love (1981) 17 short stories
- Fires: Essays, Poems, Stories (1983) 2 essays, 50 poems, 7 short stories
- Cathedral (1983) 12 short stories
- Dostoevsky (1985) A Screenplay Written with Tess Gallagher
- Where Water Comes Together with Other Water (1985) 80 poems
- Ultramarine (1986) 84 poems
- Where I'm Calling From: New and Selected Stories (1988) 37 short stories
- A New Path to the Waterfall (1989) 73 poems
- No Heroics, Please: Uncollected Writings (1991) stories, 19 poems and book reviews
- Short Cuts: Selected Stories (1993) 9 short stories, 1 poem
A inspiré l'excellent film de Robert Altaman Short Cuts
- All of Us: The Collected Poems (2000) 306 poems
- Call
If You Need Me: The Uncollected Fiction and Other Prose (2001) 10
stories, 1 novel fragment, 32 pieces of nonfiction
- Collected Stories (2009) 90 stories, 4 essays, 1 novel fragment
|
|
LIRE
- Une biographie
: "Raymond Carver" de Verley
|
|
LIENS
en français
LIENS
en anglais
- Raymond Carver at the Poetry Foundation
- Raymond Carver interviewed by Mona Simpson and Lewis Buzbee in the Paris Review
- The Minimalist
Styles of Raymond Carver and Suzanne Vega by Wendy Chapman June,
1996 (a malheureusement disparu du site de Suzanne Vega dont nous sommes aussi de fervents
admirateurs)
Les écrivains
du Montana - mis à jour le 21/03/14
|
|
Accueil
|
|